Récits

J’ai envie de toi

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« Ma che cosa vuoi ? » m’as-tu demandé. Ce que je veux ? Je ne sais pas. Je suis incapable de te donner une liste exhaustive de mes envies, en général, mais aussi avec toi. Quand on me demande à quoi je pense, je bloque. Mes pensées vont à cent à l’heure, mais mes mots ne suivent pas. Et pourtant, Dieu sait que j’ai terriblement envie de toi.
Mais ça ne te suffit pas. Tu veux savoir ce que tu m’inspires. Je n’ai pas pour habitudes d’exprimer mes envies. Je n’ai pas de fantasmes : si j’ai un désir, je fais le nécessaire pour qu’il devienne réel, palpable, tout de suite.
Alors pour te répondre, j’ai été frustrée quand tu m’as embrassée, touchée, que je t’ai sucé et que tu ne m’as pas pénétrée.
Pour te répondre, quand je me touche, chaque jour, seule, entre 17h05 et 17h20 au plus tard, je pense à tes yeux noirs qui me regardent. A cette façon si douce que tu as de m’embrasser, et à la fois d’appuyer tes mains légèrement – mais fermement – sur le haut de mon crâne. Je pense à la façon dont tu m’as retournée la première fois où nous avons été seuls tous les deux, en m’ordonnant de tenir mes fesses dans les mains pendant que tu insérais tes doigts en moi de plus en plus rapidement en soufflant : « cazzo sei buona, cazzo ». Je pense à ton (gros) sexe dans ma (petite) bouche et au moment où tu m’as dit : « j’aime quand tu prends soin de moi ». Parce que j’aime vraiment prendre soin de toi comme ça.
Et puis, à partir de ces souvenirs, mon esprit divague. J’imagine ce qui aurait pu – enfin, ce qui aurait dû – se passer entre nous.
Je ne suis pas présomptueuse, mais à quel moment, comment, pourquoi, as-tu pu penser que je n’avais pas envie de toi alors que je suis venue jusque chez toi, me suis déshabillée intégralement et t’ai sucé ? Je ne suis pas Antoine de Maximy, « J’irai dormir chez vous », ce n’est pas pour moi !
Je compense ce qui aurait dû arriver par la pensée. Des bribes d’images, de sensations. Je me vois sur toi, oscillant mon bassin, penchée à la recherche d’un baiser trop dur à attraper car nos corps sont trop occupés à s’emboîter. Alors je m’accroche à tes cheveux si parfaitement bouclés. Mes amis proches me répètent d’arrêter d’essayer de faire des compliments car je ne sais pas les faire… Mais je n’ai jamais vu de boucles aussi belles !
Je vais, tu viens. Je viens, tu vas. Dans ce rêve éveillé, tu me retournes violemment. Tu serres tes doigts sur mes fesses, jusqu’à y laisser de petits bleus ronds qui resteront plusieurs jours. Tu me susurres des mots italiens que je ne comprendrai pas, trop occupée à te sentir en moi.
Tu irais de plus en plus vite, de plus en plus loin.
Je tournerais la tête pour te regarder changer d’expression. Tu aurais un regard de félin prêt à achever sa proie, et à la fois un regard doux, presque ingénu face à une situation imprévue.
« Sto per venire… » tu dirais. Et alors je te reprendrais en bouche. Je te fixerais droit dans les yeux, ces yeux noirs si profonds.
Une main dessous, l’autre te branlant. Ma bouche faisant des va-et-vient et ma langue s’attardant sur ton frein et ton gland gonflé.
Là, tu jouirais. Tu aurais ce visage, cette grimace si belle que tu m’offres, accompagnée de ton nectar dont j’avalerais chaque goutte.
Il est 17h18, j’ai joui et j’ai envie de toi. Mais ça tu ne le sais pas. Ou plutôt tu ne le comprends pas. Pourtant je te plais, je le sais. Et toi, de quoi as-tu envie ?

1 commentaire

  1. Oscar a dit :

    Bravo pour ce récit. J’y lis le désir et sa puissance jusque dans l’appel à ce qui reste comme
    un manque, une frustration. C’est cette dernière au fond qui crée sa réplétion par l’esprit qui pénètre ce qui n’a été pénétré, qui avale ce qui ne s’est donné autant. Les images lancinantes de ces cheveux bouclés, leur puissance ne pouvait que revenir en boucle et hanter !

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